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« Menaces climatiques, réponses culturelles »

4/5 novembre 2016

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Le Monde Économie, 1er juillet 2015

 

La réponse au réchauffement est aussi culturelle

COLLECTIF

Vingt-cinq dirigeants de grandes entreprises, chercheurs et artistes appellent à plus de créativité pour lutter contre les défis climatiques

« Tous les regards se tournent vers la Conférence de Paris sur les changements climatiques, en décembre prochain. Ce moment décisif doit nous permettre de limiter l’impact du réchauffement et d’accompagner la transition de nos sociétés vers une économie verte, sobre en carbone.


Pour réussir, il est impératif que le politique et le technologique soient mobilisés intensément. Un certain nombre de solutions techniques doivent être trouvées ou généralisées au plus vite pour relever ce défi planétaire. Cependant, force est de constater qu’une dimension est trop fréquemment occultée ; elle est pourtant soulignée depuis longtemps par l’UNESCO comme étant incontournable dans les débats autour du développement durable. Cette dimension, c’est la culture.

Si nous réduisons les solutions proposées à l’occasion de la COP 21 à une approche techno-centrée et que nous n’introduisons pas la dimension culturelle, nous risquons de nous heurter encore aux obstacles que nous rencontrons depuis des décennies.

FORMIDABLE LEVIER

Bien sûr les réponses apportées par la science et les techniques sont premières dans cette affaire. Cela étant, on peut faire mieux. Il faut seconder le pôle technoscientifique pour qu’il soit davantage au bénéfice de l’homme et de la planète.


La culture doit aider à élever le niveau de conscience et à faire évoluer les modes
de consommation.


S’il est indispensable par exemple d’investir dans les transports en commun, il est tout aussi indispensable qu’ils soient attrayants pour leurs usagers, et que des solutions alternatives existent, économes en énergies et propres, pour les situations où ils ne conviennent pas. L’élément culturel peut faciliter ce changement. Cela suppose de développer systématiquement les contenus immatériels, la diversité des styles, le travail artiste, le sensible.

La culture est capable de contribuer à réorienter les économies de demain, à redonner un sens à l’activité productive, à freiner un consumérisme aveugle.

S’il faut promouvoir le paradigme culturel, ce n’est pas exclusivement pour des raisons écologiques, c’est aussi parce qu’il constitue un formidable levier pour la croissance et le développement.

L’ÉCONOMIE MAUVE

Les exemples sont légion, du numérique au tourisme, en passant par les produits de luxe ou l’habitat, qui révèlent la richesse économique associée aux facteurs culturels (éducation, information et communication et tous les biens à forte composante imaginaire et sensible). Nous voulons une ville avec des architectures qui bien sûr économisent ou produisent de l’énergie, permettent le recyclage des déchets et de l’eau de pluie, mais qui tout à la fois créent un environnement non standardisé et respectueux du paysage, un cadre de vie à échelle humaine et riche de sensorialité.

Les entreprises à grande performance économique sont désormais celles qui marient le technologique et le culturel, le virtuel et l’expérientiel, la perfection technicienne et l’esthétique. Cette alliance techno-culturelle est porteuse d’avenir dans la mesure où elle répond aux attentes des consommateurs dans leurs aspirations croissantes à la qualité et au mieux-vivre.
Cette opportunité appelle à se saisir non seulement de l’économie verte (en intégrant l’empreinte écologique) mais aussi de l’économie mauve – celle qui mise sur le potentiel culturel des biens et des services, autrement dit les marchés d’expériences et l’économie culturalisée.
Le grand objectif que nous devons viser est une économie du qualitatif dans laquelle le pôle culturel a toute sa place.

Les gouvernements peuvent être des facilitateurs efficaces de cette transition, en stimulant des outils d’observation, de pilotage et d’incitation. Il est en effet primordial que l’innovation ne soit plus perçue uniquement sous l’angle technologique.
Nous attendons de la Conférence de Paris qu’elle favorise un cercle vertueux, rendu possible par l’alliance du technologique, de l’écologique et du culturel. »

Pierre BELLON, président-fondateur de Sodexo ; Véronique CAYLA, présidente d’Arte ; Bertrand COLLOMB, président d’honneur de Lafarge ; Pascal COLOMBANI, président de Valeo ; Mercedes ERRA, présidente exécutive d’Havas Worldwide ; Emmanuel FABER, directeur général de Danone ; Pierre FONLUPT, vice-président de MEDEF International ; Jean-Baptiste de FOUCAULD, porte-parole du Pacte civique ; Pierre-Antoine GAILLY, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Île-de-France ; Jérôme GOUADAIN, secrétaire général-fondateur de Diversum ; Philippe d’IRIBARNE, sociologue ; Pascal LAMY, président du Conseil mondial d’éthique du tourisme ; Gilles LIPOVETSKY, philosophe ; Jean-Pierre MASSERET, président de la région Lorraine ; Gérard MESTRALLET, président-directeur général d’ENGIE ; Radu MIHAILEANU, cinéaste ; Jean MUSITELLI, ancien ambassadeur de France auprès de l’UNESCO ; Grégoire POSTEL-VINAY, économiste ; Jean-Jack QUEYRANNE, président de la région Rhône-Alpes ; Odile QUINTIN, ancien directeur général à la Commission européenne ; Bernard RAMANANTSOA, directeur général d’HEC Paris ; Jean-François RIAL, président-directeur général de Voyageurs du Monde ; Franck RIBOUD, président de Danone ; Michel de ROSEN, président-directeur général d’Eutelsat ; Pierre SIMON, président de Paris Île-de-France Capitale Économique.

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